départ golf

Bréviaire de golf. (1)


Pour qui souhaite se mettre au golf, et/ou améliorer sa culture golfique voici quelques terminologies utiles à connaître afin de parfaitement comprendre les enjeux de notre sport.
L’auteur vous prie d’accepter ses excuses si les différents éléments n’apparaissent pas dans un ordre alphabétique cohérent, mais énoncés au gré de son humeur.

  1. Tea de départ : Rectangle de gazon fraîchement tondu, de surface théoriquement plane et orné de boules de différentes couleurs, sur lequel les personnes armées d’un club s’amusent, non à prendre le thé mais, à arracher l’herbe à grand coups de swing d’essai pour finalement gâcher tous leurs bons swings avant d’exécuter leur véritable mauvais. Il est à noter que les couleurs des boules de départ segmentent la population golfique d’une manière sexiste qu’il convient de dénoncer. Les “vrais” hommes du côté honorable, tout au fond, les hommes un peu femmelettes devant et… la gente féminine loin devant, donc beaucoup beaucoup plus facile pour elles, les pauvres !!! Notons aussi cette coutume machiste qui consiste pour les hommes qui rateraient leur coup de départ et qui n’atteindraient même pas les boules “femmes” de payer un coup à boire (alcoolisé bien sûr). Les autorités feraient bien de se pencher sur cet épouvantable aspect de ce sport, qui à la fois révèlent un sexisme des plus archaïques mais aussi prouve la tendance alcoolique de nombreux golfeurs. Il convient donc de corriger l’appellation de cet endroit en “ Tee de départ”… parce qu’en fait on n’y boit jamais de thé mais on y plante son tee. Attention ! Le premier tee de départ est religieux. Il convient d’y observer ce sérieux et ce silence de cathédrale propre à la prière des futurs défunts. Et non non non !!!…. Il n’est pas autorisé de rire ni même de sourire quand un ou plusieurs Chevaliers du Swing, après avoir gesticulé du popotin à l’adresse devant leur balle pendant trois minutes chrono, envoient leurs balles à droite toute – à quarante mètres – à angle droit… en émettant ce lamento de contre-ut limite eunuque byzantin et en tous les cas quasi Mozartien “Putainnnnnn… Ooooooohhhhhh…. Non non non… C’est pôôôô vrrrrraiiii !” (En italo-autrichien dans le texte). Pour les autres membres de la partie, observer les oiseaux dans le ciel pile à ce moment-là est une excellente façon de “ne pas avoir vu” la catastrophe qui vient d’avoir lieu. Il convient par ailleurs en quittant le tee de départ de se souhaiter à tous une “Bonne partie”. Éviter aussi dans cette prière amicale tout ton légèrement narquois à l’adresse de ceux qui viennent de manquer leur premier coup. Vous êtes désormais pour quelques heures face à des bêtes féroces un peu sur les nerfs et qui peuvent mordre la main qui les caresse avec une vivacité assez surprenante.
  2. Le 19ème trou : Non… Aucun parcours de golf ne comporte plus de dix-huit trous. Ce qui est appelé le dix-neuvième trou est en fait le bar du golf dans lequel des gens ayant fini leur parcours vont vous raconter leur partie version Disney. Vous êtes priés de bien les écouter lorsqu’ils vont vous expliquer pourquoi, s’il il n’y avait pas X, Y et Z ils auraient pu jouer scratch. Au dix neuvième trou, si vous êtes pour la paix des peuples, comportez vous en auditeur respectueux. Vous êtes là uniquement comme “faire-valoir”, témoin de la résilience de certains ego démesurés… Il convient de prendre ceci avec distance et humour. Non, ces Messieurs aux cheveux gris qui haletaient comme des veaux en suivant leurs chariots électriques quelques minutes auparavant ne drivent pas à 270 mètres comme ils le prétendent. Tout juste 180 dans les très bons jours avec vent dans le dos, mais chut !… souriez, hochez de la tête en forme d’assentiment complaisant (cela ne coûte rien!), prenez même l’air un peu surpris, stupéfait, admiratif, intervenez au bon moment avec un truc du genre : “Vous êtes donc si long ?”… surtout si vous êtes une femme. Regardez comme déjà leurs épaules s’élargissent, leur torse se bombe ! C’est à croire qu’ils mettent des pilules bleues dans les consos. En général au 19ème trou les parties se refont et nombre de points sont gommés de la carte. Et bien entendu les ennemis des bons scores sont nommés. Dans l’ordre : “La partie de devant qui ne connaissent pas le parcours et jouent trop lentement”… “Les parties de quatre des femmes qui papotent et nous font perdre le rythme.”… “La partie de derrière qui nous talonnait…” etc. Oui, c’est mécanique, le taux d’alcoolémie grimpant, les index baissent au 19ème trou. Un index 18 drivant au départ du 19 finit son dernier putt avec un index 12. Un grand classique. Le 19ème trou peut être franchement très ennuyeux et paraître véritablement pathétique pour certains… C’est complètement okay de ne pas le jouer ! Néanmoins si vous souhaitez un jour joindre ce club, il vous faudra bien faire un petit effort relationnel. Et vous aussi refaire quelques parties jusqu’à l’ennui. Au moins pour un temps. The dark side of the moon !!!!
  3. Le(s) membre(s) du club : Aaaah… “LE” sacro-saint membre du club de golf !!! En général le membre du club porte ce pull ou chemisette logotée du club (>aux couleurs souvent d’un moche de chez moche) qui vous indique clairement qui “IL ou ELLE” est. Ne vous y trompez pas, dans leurs esprits, les membres du club ont tous les droits sur vous qui n’êtes QUE visiteur. Ils sont une caste à part. Retour à la société médiévale. Vous êtes serfs, ils sont nobles. Ils ont payé leur dîme au Seigneur et entendent bien vous le faire savoir. Peut-être un jour deviendrez-vous Noble vous même, qui sait ? (On est jamais à l’abri !). Le Noble du golf se gausse gentiment de votre propre infériorité. Vous ne connaissez pas les us et coutumes des lieux. Ni le parcours bien entendu. Vous n’êtes que cet étranger, généreusement invité à payer son green-fee et la jouer humble. Donc “Camembert” Les membres du club ont souvent ce petit côté satisfait des gens assistant à une réunion de co-propriété. Il ne sont plus “personne”, ils sont “membre”… Et donc ils ont cette conviction qu’ils vous font l’honneur de vous accepter contre rétribution dans leur domaine. Un conseil, prenez l’air très admiratif ! Les membres en général se targuent aussi de quelques privilèges sur le parcours. Ils peuvent parler (très) fort entre eux sur le parcours, au mépris des parties voisines, mais vous fusillent du regard si jamais vous émettez ne serait-ce qu’un soupir de libellule lorsque eux jouent. Certains prétendent carrément pouvoir vous passer devant au départ, affichant leur relevé bancaire prouvant leur investissement et vous infligeant cette cruelle loi de la priorité capitaliste. Et si par malheur vous jouez devant les membres de l’équipe masculine “seniors” du club… apportez votre manuel de psychanalyse. Il y a du lourd ! C’est carrément gratiné dans le genre “gros boulards qui se croient tout permis”. Bon, nous sommes d’accord, tout cela ce sont des conneries, mais cela existe. Il y a de bons membres et il y en a d’horribles. Le golf a ceci de particulier qu’il exacerbe les qualités et les défauts des gens. Les vrais amis sont encore plus attendrissants, les vrais cons encore plus infâmes. C’est “très golf” cette emphase du meilleur et du pire. Cependant dans la plupart des clubs que vous visiterez… dites “Bonjour, merci et s’il vous plait”, relevez vos pitches, ratissez les bunkers, réparez vos divots et tout ira bien.
  4. BAAAAAAAAALLLLLLLLLLLLLEEEEE : Il peut vous arriver subitement d’entendre un grand cri rauque et douloureux venant de quelque distance. Non il ne s’agit pas d’un séminaire de méditation orientale par le cri ayant lieu dans les environs. Mais avant tout, pliez vous vite en deux, face contre terre, avec vos deux mains protégeant votre crâne. Voilà le SS20 qui se dirigeait dans votre direction vient d’atterrir dans un fracas de bois, vous pouvez donc vous relever. Lorsque vous même ratez un long coup, il convient de lancer vous aussi ce cri guerrier afin de prévenir les armées adverses. Il est à noter que crier un “MEEEEEEERDDDDDEEEEUUUUUUHHHHH”… à la suite d’un mauvais coup n’est pas admis comme valable, ni franchement acceptable. À moins bien sûr que vous ayez repéré quelques déjections de bovidés sur le chemin et souhaitiez en avertir vos co-religionnaires.
  5. Coups reçus : Oh oui… Il est bon de recevoir des coups au golf. N’en déduisez pas pour autant que c’est un sport violent pour grands masochistes. Le golf est juste un sport pour grands masochistes mais sans violence aucune. Votre nombre de coups reçus sont les coups qui vous sont donnés afin de niveler votre niveau de jeu avec vos partenaires de partie. Par exemple un golfeur 18 d’index aura droit à un coup de plus sur chaque trou afin de réaliser son vrai par en net. Sur un par 3, jouer 4 sera donc son vrai par. Un 54 d’index en ayant trois. Ce système ingénieux permet à chacun de se mesurer avec un joueur d’un niveau différent tout en maintenant une forme d’équité en net. Sinon en brut, le golf pourrait paraître un vrai sport de brute… vous assénant des coups douloureux pouvant endommager durablement votre ego.
  6. Mini golf : Activité ludique pour humains inaptes à vraiment jouer au vrai golf. Quand un golfeur, avec cet air un peu satisfait vous annonce qu’il pratique “sa” religion et commence à vous narrer ses exploits, surtout ne venez jamais lui dire un truc comme : “Moi aussi j’ai joué au mini golf de la Baule l’été dernier c’était marrant !”. Des amitiés se sont vues brisées pour moins que ça !
  7. La carte verte : La fameuse carte verte. Cela mériterait tout un chapitre ! Bon autant vous le dire tout de suite, la carte verte c’est casse-pied comme tout. C’est vert comme une carte vitale mais beaucoup plus difficile à obtenir. Plus stressant, à voir comment les débutants sont nerveux à la simple idée de ne pas l’obtenir. C’est votre permis de conduire sur un parcours. Sans elle pas d’accès sur beaucoup de parcours. Ce test permet de vérifier que vous savez au moins vous comporter dans les règles. Relever vos pitches, refaire tant bien que mal vos divots si possible… ratisser vos bunkers… (tout ce que pas mal de joueurs et joueuses confirmés ne se donnent même pas la peine de faire) et jouer -pas trop plus que- +54 sur un parcours de 18 trous (+3 sur chaque trou)… ce qui est, soyons honnêtes, proprement impossible pour beaucoup de débutants. Même les 36 d’index n’y arrivent pas la plupart du temps. (J’ai récemment joué avec un couple, très charmant par ailleurs, ayant trois ans de golf et “30 d’index” chacun qui sans mentir jouaient l’un et l’autre au minimum +6 ou +7 sur chaque trou, au mieux… la partie dura 5h30 en semaine. Il faisait beau, les oiseaux chantaient… Let’s keep positive !) C’est très difficile de jouer correctement pour certaines personnes au début. Je ne dis pas jouer “bien”. Je dis jouer “correctement”. Idée : Si les golfs faisaient des départs spécial carte verte ?… genre à 170 mètres du green sur les par 4 et 5… et 120 sur les par 3 … cela aiderait… parce que voir des gens mettre trois quatre coups minimum pour atteindre les retombées de drive des autres joueurs lambda ça n’aide personne… ni eux ni les joueurs confirmés. Et il n’y a aucune honte à débuter… bien au contraire. Envoyer une balle à plus de cent mètres en ligne droite, pour certaines personnes, ce n’est pas rien. C’est déjà une vraie performance tout à fait respectable ! Si pour certains l’apprentissage du golf est rapide et naturel, pour d’autres ce peut être un vrai calvaire. Et pourtant qu’il est merveilleux de voir cette passion indéfectible qui les anime.
  8. Slice : Appelle-t-on ce coup ainsi car il vous laisse sur la tranche lorsque vous le commettez ? Ou bien parce le coup qui l’a provoqué fait penser à un bûcheron qui aurait tenté de se payer une bonne tranche de bois sur une souche ? Le slice c’est le mal dont souffre en gros deux tiers des golfeurs amateurs, ce coup horrible qui voit votre balle partir durant deux secondes légèrement sur la gauche pour soudain incurver sa course dramatiquement sur la droite, comme si elle était téléguidée par quelque puissance du Mal. Il est à noter qu’on ne dit pas : “Quel joli slice tu as fait !”. C’est plutôt très mal vu ! En cas de slice on peut noter une très rapide détérioration de l’humeur du joueur responsable. (c/f : Relire chapitre 4 “Baaaaaaalllllle et M…… !”). On compte de très nombreuses causes du slice. De quoi s’en payer de bonnes tranches pour le restant de vos jours. Les magazines de golf font d’ailleurs leurs choux gras avec toutes les chroniques régulières, les nouvelles techniques, inventions, trucs, remèdes pour “soigner” le slice. Voilà le dernier mot est dit.
On joue au golf… mais on se soigne !

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Sur Didier Brun

Passionné de golf depuis un autre millénaire, joueur senior amateur "lambda", avec ses hauts et ses bas (index 11,5). Je m'amuse à écrire à propos de différents aspects de ce sport merveilleux, en toute indépendance, tout en essayant de garder une bonne dose d'humour et d'auto-dérision. Les opinions que je diffuse avec plaisir sur ce blog n'engageant que ma modeste personne. Pour paraphraser Clémenceau : "La passion du golf est une affaire trop sérieuse pour la laisser (seulement) entre les mains des journalistes !"

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